Désordre intérieur

Publié le par Le Déserteur

Evidemment, que je vais prendre les choses légèrement. Evidemment, que je vais pas précipiter les choses. Evidemment, que je vais tenter de pas tout faire foirer. Evidemment, je vais essayer. Je vais essayer. Je sais, j’en ai trop pris. Toi, pas assez. Moi, j’ai eu des expériences par le passé que toi tu connais pas. Et puis des trucs pas dorés à l’or fin. Métal. Chromées qu’elles sont mes expériences, façon industrie lourde. Machine soviétique. C’est tout un empire que je dois refonder, moi. La Russie éternelle. A chacun son passé.
Mais le passé je le sens plus, moi, face à ces deux petites perles de bonheur que sont tes yeux. Spirale. Du passé j’en fais table rase, c’est mon catéchisme révolutionnaire, je le porte comme une putain de croix, on efface les tableaux et on chante le cri de guerre. C’est parti pour un ordre nouveau pour mille ans. Du y a pas pire au Saint empire. Putain, je me sens d’humeur tsariste, totale. Je vois pas les choses sans un trône, sans un royaume immense. Faut que je me couronne, que je me couvre d’or et de pourpre. Que j’aille chercher tes deux petits yeux doux comme des bourgeons au fin fond de la jungle urbaine et cosmopolite à 4 heures du matin, un vendredi, en janvier. Le mois de mars est en avance cette année.

Je plonge dans une mer noire et dense de corps agités – transe. Visages, sons, sens, flashes éclats blanc cortex aux nasaux anesthésiés, ligne droite sur fond blanc remix Sin Titulo version 150 bpm – modernité. Perte totale et communion fusion, j’acquiesce à l’ingestion, à ma disparition dans le tout collectif agrégé autour des platines. Moi, au centre de deux corps techniques pulsant d’électricité sonore. Moi, gros cœur central saignant, yeux vides et palpitant de l’autre, comme en miroir, reflets de fatidiques beautés en quête. Absolu dévidé, intransigeant déversoir d’amour. Moi. Toi. Qui éclate comme une bombe au milieu d’un concert de louanges païennes. Tous feux éteints. Mon je s’éteint. Mon je sait un. Et voilà je me mets à faire du Christine Angot.

Alors après faut pas s’étonner que je me mette à sucer des piles à 4 heures du matin mon loulou. Faut pas s’étonner si je me réveille la nuit en hurlant, à des heures pas possibles, parce qu’on me vole mes rêves de toi dans mes rêves, parce que je me tords de douleur en imaginant que tu partiras un jour en claquant tes talons – tes épaules vu de derrière. Faut pas s’étonner si mes jours deviennent des nuits, mes nuit deviennent des jours et fusionnent en journuits – 32 heures d’affilée, et avec adjuvants, thymorégulateurs amplificateurs de mes journuits dans l’atroce lumière blanche d’un soleil d’artifice, mon paradis et mon enfer, creux de paume et bourre pif. Faut pas s’étonner. Faut pas s’étonner.
C’est parce que t’es entré. C’est parce que je t’ai vu. C’est parce que tu m’as vu. J’étais sur une ligne blanche, un horizon poudreux montagne. Je respire le sommet, l’air est rare. Pur. Et t’exploses mon aorte, tu me tranches, découpes, poignardes, tu m’écartèle là, un pied devant un bras derrière, tu m’aplatis. Le mec du bar observe d’un œil morne et jaloux mangeant dans son sourire des futurs maculés. Tu fais craquer mon squelette borgne. Je vois plus rien je vois plus rien. Je ferme les yeux. Et c’est tout en dedans que ça se passe désormais. C’est un free fight à volets clos. Personne ne rentre personne ne sort. Les sorties de sécurité sont situées nulle part, en avant et en arrière de l’appareil. Nous rappelons aux passagers qu’il n’est plus possible de penser, plus possible de panser, plus possible de taire, de mentir. Sérénité proscrite. Système imperméable. Votre cœur vous tient lieu d’âme et votre âme saigne comme un cœur. Tout est intérieur, branloire, ravage, perte. Seul au-dedans de vous.

Amour, horreur mystique des profondeurs de soi.

Publié dans Saynètes

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F
<br /> Ecriture au couteau.<br /> <br /> <br />
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