Mon ange hélé

Publié le par le déserteur

Une fois,

seul,

au point du jour,

consumant les dernières bouffées

de ma cigarette,

bras croisés,

yeux baissés,

j'attendais.

Lassé,

je commenais à m'assoupir.

Assoupissement.

Subitement

à mon réveil

un ange

toque toque

à ma fenêtre.

Froufrou d'ailes ébouriffées,

plumes de soie en pagaille,

regard coquin, canaille,

en guenilles, décoiffé,

les pieds sales,

les mains toutes crottées

et, une empreinte de pieds

sur son petit cul botté,

l'ange n'avait rien d'un ange

si ce n'est que parfois

il volait.

Il est entré chez moi

respiration haletante

essaimant plumes et paroles confuses.

Il me demande un grog

du rhum,

enfin dit-il,

une boisson d'homme

et une goutte de laudanum.
Je donne,

l'être s'effondre

de tout son long,

la gueule sur mon ballatum.

Nom de Dieu! me fis-je,

quand son dernier soupir le fige

droit comme une tombe.

Me faudra-t-il enterrer un ange ?

Mortelle épreuve!

Mortel ennui!

J'enrage,

et me confond en blasphèmes

à l'endroit du trône vide.

Enfin qui semble vide.

Nom de Dieu ! Nom de Dieu

Nom de Dieu de merde!

Maudits soient

les vivats et alléluia !

A ces propos amènes,

le séraphique a comme un hoquet,

crache un jet de salive

sur mon parquet,

et se dresse comme une bombe,

fondant sur ma bouche

pour m'embrasser.

Bordels de Dieu bol de cocu!

Moi qui vouais aux gémonies

le maudit culte de dulie

me voilà que j'adule

un ange impie

aux relents de latrines.

Etranger à l'angélogie,

je reste coi devant l'objet.

Est-ce un archange ?

un tutélaire,

un chérubin

ou un déchu ?

Quoiqu'il en fut

le plumé

laissa choir

de son cul

quelques gouttes

de pus.

Sur ces entrefaites,

un ange passe

Le temps pour moi

de passer en revue

mes connaissances bibliques

qui se limitaient

aux vétilles

d'un catéchisme de campagne.

Tout compte fait,

je vous le dis en vérité,

(c’que dit Jésus)

mon impromptu

tout couvert de verrues

avais moins d'infinité

avec une vertu

qu'avec la trogne de mon curé,

qui fut à l'église de ma paroisse

ce que le chancre serait au gland:

la lie, l'insane pourriture,

l'abominable détritus,

le poison vénéneux,

un pustule priant Dieu.

Plus je songe et plus je blasphème, plus l'ange s'enchante.

L'impie poème

accroche à ses bacchantes

un sourire diabolique

découvrant des dents dégueulasses

où croissent des carries.

Mes mots d'esprit

lui insufflent la vie.

Voici mon ange

il est ravi,

semble être aux anges

quand de sa danse macabre

de son cul en trompette

son pet se met à battre la cadence.

Emporté par le flot d'immondices

que fait rouler ma langue,

le vieux messager glisse

un ongle sous mes testicules,

tandis que sa fosse subnasale

éjacule une invite

à dévorer le vice

et son organe salace.

L’audace,

l'indécence angélique,

de ce polype ailé

se répandent en suppliques

lentement distillées

au grès de ses coliques parfumées.

Si mêmes les anges sont barrés,

me voilà frais !

Tout embaumé,

dansant la décadence

avec un thuriféraire puant

(qui est peut-être mon gardien !

Cadeau divin!).

Mais lors l'odeur insupportable

devint vraiment insupportable

Quelque chose, oui c'est ça,

quelque chose brûlait...

C’était mon matelas.

Un voile sur mes yeux

se dissipe peu à peu ;

je me réveille,

reviens à moi,

et je découvre avec effroi

un feu infernal dans mon lit.

J'éteins très vite le brasier

et cours et cours vers ma fenêtre.

Ouverte.

Je m'étais pourtant claquemuré

j'en suis sûr, je n'ouvre jamais!

Mais que s’est-il enfin passé ?

Etait-ce un rêve ?

Ai-je trop mangé ?

Je lève les yeux

au ciel.

Rien.

Rien ne troublait

l’espace vide.

Reprenant pied,

je me rassied

Sur mon parquet,

il y avait

un liquide non identifié.

Et une plume un peu usée

Publié dans Poétique en toc

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