Je pars, c'est décidé (7)

Publié le par Le Déserteur

C'en est trop. C'est trop lourd, c'est trop peu et ça ne ressemble à rien. Oh, je tente bien de me convaincre, de lire quelques articles de presse par ci par là. Mais rien ne semble avoir de consistance. Non, rien n'est véritablement important. Réel.

J’accroche pas. Un mec que je connais pas m'envoie un message sur ma page:
"Votre univers est plein de détresse".

Tu m'étonnes John, t'as vu un peu le merdier? Tu te figures peut-être que j'ai envie de me faire une place dans l'bazar? Non, gentiment je lui réponds, plutôt crever. Sincèrement. La terre, l'univers des hommes, le souk, tout ça... qui a envie d'y foutre les pieds? Non, sérieusement.
Alors je me mets au boulot: je prends ma plus belle plume et je rédige ma première lettre de démotivation.

 

D. S. P                                                                                                                                          Lille, le 23/08/08

3, rue d’Isly
59000 Lille
Objet : lettre de démotovation

Monsieur le Directeur,

            Conformément à la procédure en vigueur en de si tragiques occurrences, je vous informe, le cœur séré, par la présente, Monsieur, ma démission.

Considérant les dispositions juridiques prévues au titre de l’article 74c alinéa 3 du Code du Travail relatives aux droits et obligations des parties contractantes décontractées, cette lettre, rédigée d’une main alerte et bienlégère, me dégage de toutes mes obligations contractuelles engagées envers vous.

Notez le champ sémantique de l’engagement.

L’article susmentionné ne précise pas en revanche – et cela est fort malheureux – dans quelle forme (sera t’elle littéraire, administrative ou encore métaphysique ?) rédiger cette lettre de démotivation que vos yeux probablement ébahis parcourent en cet instant précis. Cela me peine, cela m’attriste, mais nous sommes là devant ce que vous conviendrez avec moi être un épiphénomène de vide juridique. Autrement dit, la Loi, la Grande, n’a pas prévu la forme rédactionnelle s’appliquant en de telles séparations. Aussi, vous accepterez je crois sans peine, cette note de fantaisie lyrico-comique qu’Elle m’autorise, la Loi, vous que la Providence a gratifié d’un patronyme aussi généreux, Monsieur Legentil.

J’espère de tout cœur que vous accepterez ma démission avec bienveillance, sérénité et chevalerie. Et dans l’attente de notre officielle désunion, je vous prie de croire avec la foi du prophète en l’assurance assurée de mes salutations salvatrices et distinguées.

                                                                                      Le Déserteur.

Publié dans Des jours en désordre

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J
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