Les bruits de l'intérieur

J’ai quand même un peu agi à l’instinct là. La chair, les nerfs, c’est des trucs qui trompent pas. Le corps, qu’est-ce que vous voulez ? Parfois y a que ça qui me parle. Je me ferme et j’entends les bruits à l’intérieur. Ca remue drôlement. J’écoute. J’en tire pas forcément des conclusions fracassantes mais c’est peut-être justement ce que je recherche. Juste écouter, me sentir vivre un peu. Rien de plus : les bruits de l’intérieur. Lors de mes cours, je vois parfois mes étudiants béats buvant mes paroles tête penchée sur le côté. Quelque part je les envie parce que je sais qu’ils font là la même chose que moi quand j’écoute mes bruits. Ils viennent se nourrir et peu importe ce qu’ils en retiennent. Ils viennent passer là une heure, basta, et se fichent bien de ce qu’ils ont pu retenir. Moi aussi du reste – mais je sais très bien que non, en fait – l’essentiel est qu’ils aient passé une heure, et que pendant cette heure, il ne se soit rien passé. Juste être. Les bruits de l’intérieur.