Meta fort.

Publié le par Le Déserteur

    Tu parles d’elle à la troisième personne. Tu parles d’elle comme si elle était pas là. Sans la regarder en face, comme les infirmières au chevet du malade : « Comment elle va aujourd’hui madame…  truc ? Elle a bien dormi ? Elle est prête pour une grosse journée ? ». Oui, elle a bien dormi, elle se sent bien, elle est plutôt forte ce matin, elle s’est adressée au monde en souriant, tu sais, avec son petit sourire qui lui fend le visage. A peine levée, elle sort tout doucement de sa gangue, un peu rougie par le sommeil. Elle a l’air plutôt en forme. Ouais, elle est en forme. En forme de quoi ? Ben en forme quoi…  Si tu la prends comme ça…. Non… comme ça, voilà, oui, plus de biais encore… voiiiilà, coooomme ça…. Comme ça elle est mieux. On dirait pas qu’elle vient de passer dix heures à dormir.
    Tu parles d’elle à a troisième personne comme si tu la connaissais pas. Mais tu la connais pour l’avoir pratiquée. Et pas qu’un peu. De long en large. De travers. Si si, pratiquée… alors, la troisième personne, vraiment, c’est des minauderies. Tu sais que tu pourrais y aller plus franco, sans prendre de gants, sans lui demander son avis, son proprio est toujours d’accord. Mais faut que tu mettes le truc en récit, que tu fabules pour la faire mousser. En fait tu te fais plaisir à toi parce que, elle, les politesses, elle en a pas besoin. C’est une dame, certes, mais elle a pas bon plus passé sa vie au château. C’est vrai, où qu’elle aille, elle est à l’aise, elle prend ses marques, bien sous tous rapports, dans tous les milieux. Elle a pas besoin non plus qu’on la surdimensionne avec ces précautions. Le savoir vivre, c’est une autre paire de manche que le savoir faire mon p’tit gars. Et elle, elle, demande que ça. Du sa-voir-faire ! Alors tu laisses tomber la troisième personne du singulier steuplait, et tu t’en occupes intelligemment. Du doig-té ! Tu peux me demander des conseils si tu veux. Je serai toujours là pour t’informer de ses exigences.
    D’abord tu la tutoies si l’envie t’en prend. Tu gagneras  toujours quelques syllabes au passage et ça te fera l’économie d’un peu d’énergie pour tes mâchoires, t’en auras besoin. Ensuite, t’es même pas obligé de passer par le baisemain, tu l’emmènes dehors avec toi tout de suite. Tu lui prends le poignet – tu vois, elle est pas prude ! Et si tu suis mes conseils, tu l’emmènes où tu veux. En fait, elle est pas bien difficile, suffit de savoir la caresser dans le sens du poil. J’t’assure, c’est de l’or en barre cette nana. Pas de complexes, elle s’ouvre en un clin d’œil. Mais alors si vraiment tu veux décrocher le pompon tout de suite – principe d’économie là encore – tu l’emmènes danser. Ce qu’elle kiffe par-dessus tout, c’est le rock acrobatique. Un coup en haut, un coup en bas, le tout c’est de jamais t’arrêter. Jusqu’à ce qu’elle en puisse plus, jusqu’à ce qu’elle se mette à transpirer légèrement. Qu’elle gémisse. Et là, mec, tu verras, elle te mangera dans la main. Ou l’inverse en fait... Elle va se mettre à trembler, à hurler, hurler, et dans un spasme que tu verras même pas, elle crachera les paroles les plus infâmes et les plus délicieuses que t’auras jamais ouïes. Prévois quand même quelques mouchoirs. Ca fera toujours gentleman.

Publié dans Saynètes

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R
je te conseille d'écrire un article aujourd'hui sur un espèce de chien qui aurait peur quand on mettrait l'index sur le mur
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