Je bois, je fume et je vous emmerde
Je fume parce que tout se ralentit. Parce que dans le flot merdeux du tout instantané, des émotions en saccade, les Choses prennent une aspérité, un relief, ouvrent une dimension glissante, à la surface de mes associations d’idées les plus inconséquentes. Tout se détache, individuellement, prend sens. Prend un sens. Le sien. Le mien. C’est un recul forcé du corps, qui entraîne l’esprit, une élévation terriblement terrestre. Endigue le flot. Nourrit mon flot. La conversation du chauffeur de bus avec son pote qui vient de monter – savoir regarder. « Alors ? Bientôt la quille ? Ouais. Ça vient bon ! Ouais, ça vient bon ! Quand y est temps y est temps ». Fin de l’échange. Tout est dit.
Mais je picole parce que tout s’accélère, pour que tout aille si vite, meurt et périsse. Croisse. Je bois pour le boire et pour le monde entier, à la santé de tous, à tout le monde en même temps. Je bois pour le simple fait de boire, tout simplement. Je bois pour aller plus vite. Vers je sais pas où. Mais j’y vais.
Je bois, je fume, et je vous emmerde.
Mais je picole parce que tout s’accélère, pour que tout aille si vite, meurt et périsse. Croisse. Je bois pour le boire et pour le monde entier, à la santé de tous, à tout le monde en même temps. Je bois pour le simple fait de boire, tout simplement. Je bois pour aller plus vite. Vers je sais pas où. Mais j’y vais.
Je bois, je fume, et je vous emmerde.