Salope

Publié le par Le Déserteur


Poème n° 888
Froide et lasse, mimant notre départ, l'ombre portée bas en une robe de deuil
J’avance sans un bruit au dessus de l’asphalte
Nous sommes. Sans commentaires. Et sans comment. Guidés par des souvenirs absents. Sans aucun écho sans aucun bruit.
Maintenant que nous sommes enchaînés au présent itératif, perpétuel, presque éternel, nous oublions pourquoi.
Nous avançons.
Et lorsque nous levons nos yeux vers le ciel vide, trône inhabité blanc glace
Lorsque baissant la tête nous attendons la pluie qui vient laver nos corps, laver nos corps
Nous implorons d’ improbable renaissances.
Nous vibrons légèrement à la nuit solitaire, dans un battement d'ailes de papillon nocturne.

Il se sait condamné dans sa prison de verre
Qu'éclaire un faible
lampadaire.

*

   Pendant des plombes j’ai écrit des poèmes de dépressifs. « Poèmes de dépressifs 2003-2008 », j’en ai fait dossier sur mon Poste Central. Julia les aimait pas. Elle aimait pas mes poèmes. Je les lui lisais le matin au réveil, je me levais un peu avant elle pour préparer le petit dèje et je la regardais dormir les cheveux mêlés à la couette, des torsades de cheveux bruns. Je fumais un joint à la fenêtre, dans la pièce d’à côté – je lui disais jamais que je fumais le matin quand elle venait – sinon on se serait fait chier. Alors j’écrivais mes poèmes de dépressif. Qu’elle a jamais aimé. Un matin, elle se réveille et je lui en lis un tout de go, sans attendre que ses deux yeux soient ouverts. Elle s’est mise à pleurer et s’est réfugiée sous la couette en couinant. Je lui faisais peur. Elle en pouvait plus de mes poèmes de dépressifs comme elle disait.
  
   Salope.

Publié dans Saynètes

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F
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