Sortie du Beaujolais

Publié le par Le Déserteur

 

« Tiens, William, tu ressors ? »

William ressort effectivement. Il est sorti boire un verre avec un collègue de Marseille, là, il était sorti, mais là il ressort. Il sort. Il sort juste de leur apparte. C’est le Beaujolais nouveau, y paraît. Attends, on est le premier ou le troisième week-end de novembre ? Le troisième, c’est bon, c’est le Beaujolais. William rentrera à 3 heures en chutant dans l’escalier à plusieurs reprises. De sa chambre, le coloque a pu entendre distinctement: « merde » plusieurs fois dans un fracas de saloperies que William entrainait dans sa chute. Des grolles, des livres, des bibelots. A peu près tout l’apparte.

La nuit passe.

8H12. Echange : Putain je crois que j’ai encore de l’alcool dans le sang. Y reste de l’Efferalgan ? Ouais, le corps humain est mal foutu. Y en manque toujours un peu. S’habitue pas. Un café ? Douze. Sans sucre. J’ai des pansements. Y reste du rhum ?

C’est parti pour les Antilles, les colliers de fleurs et le sable chaud. Photos. Coloque allume le chauffage dans les vapeurs de Carte Noire Try to remember. Le - Beau - jolaiiiiis - est - ttta - rivéééé!

Sur la route, William entendra des voix, croisera des silhouettes, percevra des formes. Aucune substance, un monde liquide. Trottoir impressionniste. Il croisera deux lycéens, aux thématiques conversationnelles contemporaines. La TT c’est bien mais mumm’ préfère la Carrera. Ouais, les Audi c’est surfait. Il passera son chemin. Moi je préfère les cab’.

En arrivant au bureau, William se laissera tomber – encore – sur son fauteuil moelleux en songeant à son oreiller – traces de bave. Il essaiera de se souvenir. Quel goût le Beaujolais ? Où je suis allé ? C’était qui cette nana ? Pourquoi ? Putain chuis où qu’est-ce que je fais ?

Il ne saura pas répondre.

Le Beaujolais nouveau, si on l’appelle nouveau, c’est pas pour queue dale. 

Publié dans Des jours en désordre

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