Pardon monsieur, à quelle heure?

Publié le par Le Déserteur

- Bonjour monsieur, pouvez vous m’indiquer à quelle heure est le prochain s’il vous plaît ? Je suis là depuis une dizaine de minutes et personne ne peux m’indiquer à quelle heure passe le prochain. Dans combien de temps est-il s’il vous plait ?

- oh, pardon madame, je n’avais vu votre canne, vous êtes mal voyante. Je regarde. Le prochain est dans trois minutes madame. Il s’arrêtera à la gare.

- Merci monsieur. Vous êtes enrhumé ? Moi aussi. Dans ces cas là, je prends du Pulmostress. Je n’avais pas trois mois que ma mère me soignait au Pulmostess, et aujourd’hui encore, je prends du Pulmostress ; c’est sans ordonnances et ca agit tout de suite. Parce que des femmes comme moi, qui ont été des dames, qui on été patronnes, il faut que ca résiste. Tenez, moi qui ai travaillé pendant cinquante huit ans dans la restauration, je peux vous dire que je n’ai jamais été malade avec mon Pulmostress. Et aujourd’hui, monsieur, j’ai 80 ans ! et pourtant, regardez, je me tiens ! Parce que j’en ai vu des choses, moi, monsieur. Croyez-moi, ce n’est pas peu de choses de le dire. Oui. J’en ai vu des choses. Ah ça ! La restauration, ce n’est plus ce que c’était ; aujourd’hui vous faites plus d’argent dans la restauration. Non, ca c’était bon avant Mai 68, avant qu’y ait les syndicats, les étudiants. Faut jamais employer, hein ? après c’est que des emmerdes ; on vous traîne aux prudhommes, y a les syndicats… Non ce qui faut aujourd’hui c’est une croissanterie ; une bonne vieille croissanterie, avec ça vous faites de l’argent. Là, ca tombe. Faut ouvrir une croissanterie, moi je vous le dis, avec ça vous êtes tranquille. Rien, pas d’emmerde et le blé peut tomber. Ah, oui… j’en ai vu des choses, ça…

- Voilà le bus, je vous aide ?

- non, non, ca va aller.

- ah, pardon, avec la canne, je croyais que…

- ah, non, je suis pas aveugle ! Je m’entraîne.

Publié dans Saynètes

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